Il vous est sûrement arrivé de voir une publicité offrant un produit quelconque en vous faisant miroiter le faible montant mensuel requis pour vous procurer le bien. Si vous décidez de procéder à l’achat, vous êtes-vous déjà demandé ce que vous achetiez vraiment?
Un exemple concret
Imaginons que vous regardiez des meubles dont le prix est de 3 000 $. Seriez-vous prêt à faire un chèque de ce montant? Plusieurs personnes répondraient par la négative. Si le marchand ajoute que vous pouvez payer 200 $ par mois pendant un certain nombre de mois, la tentation devient soudainement plus forte. Il s’agit pourtant des mêmes meubles que vous trouviez trop chers il y a quelques minutes à peine. Qu’est-ce qui a changé? La seule différence réside dans le mode de paiement.
Cette situation soulève certaines questions :
- Ai-je vraiment besoin de ce bien?
- Pourquoi ne suis-je pas prêt(e) à payer le montant total immédiatement?
- Quelles sont mes motivations profondes en achetant ce bien si le montant comptant m’apparaît trop élevé pour le payer en totalité immédiatement?
- Est-ce avantageux pour moi de payer plus tard du point de vue financier : coût total incluant les intérêts, pression éventuelle sur mes finances, sécurité future, etc.?
- Qu’est-ce que j’achète vraiment : des meubles ou un mode de paiement?1
Le piège
À chaque fois que vous acceptez de payer un montant mensuel, il est probable qu’il puisse être absorbé dans votre budget. Le piège réside dans la somme de tous ces montants, acceptables individuellement, qui finissent par composer un gros montant mensuel à rembourser. Ce gros montant cadre-t-il encore dans votre budget ou met-il une pression non souhaitable sur vos finances?
Pendant ce temps, aucune épargne
La somme de plusieurs petits montants à rembourser diminuent invariablement de façon importante votre capacité d’épargne pour : les études des enfants, un coussin en cas d’urgence, la retraite, l’accélération du remboursement de l’hypothèque, etc. L’absence d’épargne peut vous réserver des lendemains pénibles. Est-ce le bon choix? Pouvez-vous vous permettre le luxe d’acquérir un bien tout de suite au risque d’hypothéquer votre avenir?
Marge de manœuvre
Personne n’aime être à la merci de quelqu’un d’autre; la liberté est trop précieuse. Et pourtant en comprimant le budget personnel ou familial au profit de la consommation immédiate, il est facile de glisser tout doucement à la merci des créanciers. À l’inverse, en limitant la consommation aux besoins réels, vous pourriez peut-être dégager une marge de manœuvre intéressante pour le futur : moins de dettes d’études pour vos enfants, un niveau de vie acceptable à la retraite, la possibilité de maintenir vos paiements hypothécaires au même niveau en cas de hausse de taux parce que vous serez en mesure d’effectuer un remboursement partiel anticipé, etc.
Conclusion
La société dans laquelle nous vivons nous pousse à la consommation immédiate sans égard aux conséquences financières personnelles. Lors d’un sondage2, les 25-44 ans ont répondu à 50 % vouloir rembourser une partie de leur dette hors hypothèque s’ils recevaient un montant de 5 000 $ inattendu. Ils ont été 97 % à se dire « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » à l’effet qu’épargner représente une sécurité. Lors de votre prochain achat pour lequel le mode de paiement semble attrayant, que diriez-vous de vous poser les bonnes questions et d’y répondre honnêtement? Les réponses vous appartiennent.
1] L’acquisition d’une maison est un exemple typique où l’emprunt hypothécaire est acceptable puisque la maison ne devrait pas se déprécier comme un bien de consommation ordinaire. Vos paiements hypothécaires tiennent lieu de loyer pour vous loger.
[2] Sondage effectué par SOM pour le compte de ÉducÉpargne sur les attitudes des 25-44 ans à l’égard de l’épargne et des dettes, du 2 au 28 juin 2011