En matière de rendement d’un portefeuille, la tentation existe bel et bien de comparer ce rendement à d’autres rendements obtenus ailleurs. Mais est-ce que la comparaison est valable? On entend souvent le dicton suivant : « Il faut comparer des pommes avec des pommes ». Ce dicton est vrai même en matière de placement.

Rendement global et répartition de l’actif

Vous avez choisi une répartition de l’actif en diversifiant vos avoirs entre les actions canadiennes, les actions américaines, les actions étrangères, les obligations, etc. C’est votre politique de placement. Si votre voisin ou collègue de travail n’a pas la même répartition de l’actif pour des raisons qui lui sont propres, le rendement global ne peut être comparé adéquatement. Chaque personne est unique tout comme ses besoins, sa tolérance au risque, son horizon de placement, etc.

La répartition de l’actif n’est cependant pas la seule raison qui incite à la prudence lors de la comparaison des rendements.

Le moment d’investir et les montants

Vous avez choisi d’investir des montants selon un scénario qui vous est propre tout comme votre voisin ou collègue. Or, les deux scénarios ne sont probablement pas parfaitement coordonnés rendant ainsi la comparaison plus ou moins valable. L’un de vous deux a peut-être investi alors que le marché était plutôt déprimé alors que l’autre a investi alors que le marché était euphorique.

Le montant que vous avez choisi d’investir à un moment donné prend beaucoup ou peu d’importance selon que ce montant représente une forte ou une faible proportion de vos avoirs actuels. À la limite, même si vous avez investi au même moment que votre voisin, la proportion des nouveaux investissements par rapport à vos actifs déjà en portefeuille aura une influence sur le rendement de chacun.

La méthode de calcul du rendement

La méthode de calcul du rendement peut rendre la comparaison plus ou moins valable. Pour les investisseurs institutionnels comme les fonds communs, il existe des normes internationales qui précisent les éléments entourant ce calcul. Des rendements pourront être comparés s’ils ont fait l’objet de la même méthode de calcul.

Choisir les bons points de comparaison

On sent bien intuitivement que le rendement d’un fonds commun d’actions canadiennes ne peut être comparé à un portefeuille immobilier. Ces deux types de fonds ne répondent pas aux mêmes facteurs économiques et ne se comportent pas de la même façon. Il en est de même avec les actions américaines. Un facteur important a influencé le rendement du fonds commun d’actions américaines : la fluctuation du dollar canadien par rapport au dollar américain. Cette fluctuation n’existe pas dans le fonds commun d’actions canadiennes. Toutefois, il serait peut-être approprié de comparer le rendement de deux fonds communs d’actions canadiennes.

Si vous voulez comparer le rendement de votre fonds commun avec un indice de marché, là encore il faut choisir le bon indice. Vous pourrez comparer le rendement de votre fonds commun d’actions canadiennes avec le rendement de l’indice S&P TSX de la Bourse de Toronto en autant que les contraintes sont semblables. Il sera plus difficile, par exemple, de comparer le rendement d’un fonds commun de dividendes avec l’indice S&P TSX puisqu’il y a des contraintes dans le fonds commun de dividendes qui n’existent pas dans l’indice.

Un bon indice de marché

Cinq critères doivent tous être présents pour affirmer que l’indice choisi est un bon indice de marché ou non :

  • Les titres de l’indice doivent être disponibles au public : en somme, toute personne qui veut investir dans l’un ou l’autre des titres de l’indice a la possibilité de le faire sans contrainte autre que les contraintes normales de marché. Cela exclut d’emblée les titres de placement privé puisque ces titres ne sont pas disponibles au public.
  • La composition de l’indice est représentative du marché : il faut que tous les secteurs de l’économie soient représentés dans l’indice dans les mêmes proportions que dans l’économie. À titre d’exemple, l’indice S&P TSX est tout à fait représentatif de l’économie canadienne.
  • Les coûts de calquage sont faibles : si un investisseur, peu importe ses moyens, veut investir dans les mêmes titres et dans les mêmes proportions que ce qui existe dans l’indice, il ne lui en coûtera pas une fortune pour le faire. En somme, pour calquer l’indice, les coûts sont faibles. Par exemple, il existe sur le marché des fonds négociés en Bourse qui permettent de reproduire l’indice choisi à un coût raisonnable.
  • La composition de l’indice est connue à l’avance : Il ne serait pas approprié de « bâtir » un indice sur mesure après coup. Les indices de marchés comme le S&P TSX pour les actions canadiennes, le S&P 500 pour les actions américaines ou le DEX univers pour les obligations pour ne nommer que ceux-là sont des indices dont la composition est connue d’avance ainsi que les mécanismes d’adaptation à l’évolution du marché.
  • Le calcul du rendement est fait par une firme indépendante : le rendement de l’indice doit être calculé par une firme qui ne fait pas de gestion de portefeuille, mais plutôt par une firme totalement indépendante.

Conclusion

On le voit, plusieurs éléments viennent influencer le rendement d’un portefeuille dont la répartition de l’actif, le moment de l’investissement, les montants investis, la proportion que représentent ces nouveaux investissements par rapport au portefeuille existant et la méthode de calcul du rendement.

Une comparaison est valable si les mandats et les contraintes sont semblables. Les indices de marchés peuvent représenter un bon point de comparaison, encore faut-il que cet indice réponde aux cinq critères d’un bon indice de marché.

Enfin, le principal point de comparaison n’est-il pas vous-même? Êtes-vous en voie d’atteindre vos objectifs financiers? Si oui, c’est la seule comparaison vraiment valable par rapport à vous-même. Si non, vous devez revoir l’ensemble de votre situation pour prendre les décisions appropriées.