Malgré qu’on entende parler de plus en plus des problèmes financiers potentiels à la retraite et de renégociation des plans de pension, 77 % des travailleurs qui envisagent de prendre une retraite ont une vision optimiste de l’aspect financier de celle-ci. L’an passé, lorsqu’on interrogeait les Québécois sur leur confiance face à la retraite, sans parler spécifiquement de la dimension financière, 70 % d’entre eux étaient confiants (voir la chronique : Niveau de confiance à l’égard de la retraite, sondage 2013). Une augmentation quelque peu intrigante qui met de l’avant un certain optimisme de la population relativement à ses ressources financières.

Le tableau 1 fait ressortir les « caractéristiques » des gens qui sont proportionnellement plus confiants et moins confiants. On remarquera que les hommes, les travailleurs qui gagnent plus de 80 000 $ ou qui ont réussi à accumuler au moins 250 000 $ en épargnes ou placements sont proportionnellement plus nombreux à être très confiants. Fait intéressant, lorsque la retraite est perçue comme devant être plus longue (au moins 25 ans), les gens sont proportionnellement plus nombreux à être très confiants de l’aspect financier.

Tableau 1 : La confiance en l’aspect financier de la retraite — profil

Ils sont proportionnellement plus nombreux à être très confiants Ils sont proportionnellement plus nombreux à être peu ou pas du tout confiants
ceux qui gagnent annuellement plus de 80 000 $ ou qui ont accumulé au moins 250 000 $ en épargne ou en placements ceux dont le revenu personnel est d’au plus 40 000 $ ou la valeur de leur épargne de moins de 10 000 $
ceux qui se sont fixé des objectifs en termes de revenu à la retraite et qui ont défini un plan pour les atteindre ceux qui n’ont pas d’objectifs en termes de revenu à la retraite
ceux qui disent épargner le plus possible ceux qui disent ne pas réussir à épargner ou qui y arrivent seulement lorsqu’un projet leur tient à cœur
ceux qui acceptent un risque un « peu plus élevé » ou « élevé » pour leurs placements ceux qui préfèrent ne prendre aucun risque pour leurs placements
ceux qui pensent que leur retraite durera au moins 25 ans ceux qui croient que leur retraite durera moins de 15 ans
ceux qui ne prévoient pas travailler durant leur retraite ceux qui prévoient travailler durant leur retraite
les hommes les femmes
ceux qui ne pourront pas compter sur un régime de retraite d’employeur comme source de revenus
ceux qui possèdent un diplôme de niveau secondaire
ceux qui se considèrent peu ou pas du tout en contrôle de leurs finances personnelles
ceux de langue maternelle autre que le français ou l’anglais

Les principales raisons pour être confiants sont principalement reliées à l’épargne actuelle ou potentielle suffisant (56 %), à la présence d’un régime de retraite avec son employeur (25 %), à la perception de bien gérer ses finances, c’est-à-dire à la présence de bonnes habitudes ou une bonne gestion (11 %) ou simplement parce que le travailleur a planifié sa retraite (11 %).

Les principales raisons d’une confiance moindre sont le fait de ne pas avoir beaucoup d’épargne (31 %) ou avoir des revenus insuffisants (25 %). L’augmentation du coût de la vie/tout coûte toujours plus cher est aussi mentionné par 19 % des répondants. Douze pour cent sont plutôt incertains par rapport à l’avenir, il est difficile de prévoir ce qui se passera. D’autres indiquent avoir d’autres priorités que de planifier sa retraite (12 %). Certaines incertitudes proviennent aussi de la perception que les fonds publics ne suffiront pas (caisse de retraite, RRQ, etc.) (9 %) ou parce qu’on n’a pas confiance au gouvernement (gestion des régimes de retraite publics) (7 %).

Conclusion

Ainsi, nous remarquons que globalement les gens sont confiants face à l’aspect financier de leur retraite. L’épargne, la présence d’un régime de retraite avec son employeur et la planification de cette retraite sont des éléments explicatifs. Malgré tout, cette confiance est un peu inquiétante dans un contexte où « Le taux d’épargne personnelle au Canada, tel que calculé par Statistique Canada, se situe actuellement près des planchers historiques, à 3,9 %. À titre de comparaison, ce taux est monté au-dessus de la barre des 6 % au sommet de la dernière récession, et atteignait près de 20 % au début des années 1980 ».

 

Line Ricard
Cotitulaire
Chaire en management des services financiers
ESG UQAM